Giro : Contador tue le suspense...

L'espagnol a enterré sous les cendres de l'Etna les ambitions et les espoirs de tous ses adversaires à l'issue de la  première étape de montagne du Tour d'Italie.

Weening profite de sa tunique une dernière fois

La Rabobank du néerlandais Pieter Weening semble ne plus vouloir faire le travail sur ce Tour d'Italie. Les orange laissent partir un groupe de neuf coureurs : Mikael Chérel (AG2R La Mondiale), le spécialiste des échappées sur ce Giro Yaroslav Popovych (Radioshack), Pablo Lastras (Telefonica Movistar), Joan Horrach (Katusha), Mathias Frank (BMC), Jan Bakelandts (Omega Pharma - Lotto), Filippo Savini (Colnago-CSF), Alessandro Vanotti (Liquigas-Cannondale) et le champion d'Italie Giovanni Visconti (Farnese-Vini). Le coureur le plus dangereux au classement général, ce matin, au départ de Messine, est l'espagnol Pablo Lastras, 7e à 22 secondes de Pieter Weening. L'écart atteint 4 minutes et 45 à 100 kilomètres de l'arrivée.

Tout ce petit monde s'entend plutôt bien et forme un groupe relativement homogène. L'équipe Lampre de Michele Scarponi décide donc de rouler à l'avant du peloton pour dynamiter l'échappée à l'avant et, aussi, pour dynamiter le peloton. La stratégie de la Lampre est infaillible : les Mark Cavendish et les Francisco Ventoso sont immédiatement distancés et finissent dans les méandres du classement...

Etna, Acte I et Acte II, Scene 1

La première ascension de l'Etna n'apporte aucune conséquence sur la course. Les neuf hommes de tête sont toujours ensemble mais sont poursuivis par un coureur pris en porte-à-faux entre les hommes de tête et le peloton, le russe de la Vacansoleil, Maxim Belkov. Malgré tous ses efforts, le coureur de l'Oural n'arrive pas à rattraper Popovych, Chérel et compagnie. Il se relève et attend le peloton, résigné.

Les quarante derniers kilomètres de l'étape sont en pente. Les coureurs de ce Giro n'ont donc que peu de répit durant la deuxième ascension de l'Etna qui mène à la ligne d'arrivée. Les neufs coureurs de tête ont donc une pression grandissante à mesure que la course s'élève. Alors que Yaroslav Popovych et Alessandro Vanotti décrochent, Jan Bakelandts attaque. Giovanni Visconti fait le plus gros du travail pour revenir sur le belge avec les cinq autres coureurs échappés mais le répit est de courte durée.

Etna, Acte II, Scene 2

Alors que les six hommes de tête possèdent encore 2 minutes et 45 secondes à 15 bornes du sommet de l'Etna, Mathias Frank porte à son tour une attaque qui sera fatale à Filippo Savini et Mikael Chérel, qui perdent pied. Avec le coureur de BMC, seuls restent Visconti, Lastras et Bakelandts. Ce dernier accélère précipitamment et pousse Lastras dans ses derniers retranchements. L'espagnol est épuisé, il est distancé puis repris par le peloton.

Dans le peloton, on se décide enfin à bouger. A dix kilomètres de l'arrivée, Pieter Weening est déjà loin derrière et le maillot rose se cherche un nouveau propriétaire. Alors que les principaux favoris du Giro se regardent en chiens de fayence, le vénézuelien José Rujano, de l'équipe Androni-Giocattoli, met le feu aux poudres. Alberto Contador attaque à son tour et Scarponi saute dans sa roue. L'italien de la Lampre tente de suivre mais est décramponné au bout de deux kilomètres. Vincenzo Nibali, Denis Menchov et Christophe Le Mével ne réagissent que lorsqu'il est trop tard. Addio, maglia rosa!

Etna, Epilogue

Le Pistolero continue sa course à une vitesse folle. Après avoir lâché Scarponi, il reprend Rujano, qui, à l'étonnement général, s'accroche! Il laisse le coureur de Pinto faire tout le travail et il tente de rester dans sa roue, tant bien que mal. Chez les poursuivants, John Gadret essaye, comme à chaque étape de montagne de tirer son épingle du jeu en attaquant les favoris qui n'ont pas pu arrêter Contador. Peine perdue pour le natif d'Epernay. Nibali attaque pour combler le retard mais c'est trop tard. Les adversaires du leader de la Saxo Bank sont trop faibles et ont mal gérés leur étape. Contador 1 - 0 Les autres.

L'espagnol tente de lâcher Rujano mais le vénézuélien se colle à sa roue. Il ne concède que 3 secondes au vainqueur du Giro 2008, qui signe aujourd'hui sa toute première victoire d'étape sur le Tour d'Italie. Cette victoire a une saveur particulière, de part la situation "judiciaire" d'un Contador en sursis mais aussi par la manière et la toute puissance que l'espagnol a montré aujourd'hui. Beaucoup se disent ce soir que le Giro est plié, que le maillot rose ne bougera plus des épaules du protégé de Bjarne Riis. Mais le cyclisme étant ce qu'il est, on est en droit d'espérer une coup d'éclat ou un bouleversement dans le scénario que les experts ont écrit à l'unisson. On appelle ça l'utopie, l'imagination et l'espoir...